Exploiter le drame de Polytechnique

Le texte qui suit, rédigé par un québécois pour d'autres québécois, n'est pas évident à comprendre depuis la France. Ces événements qui leur sont familiers, ne nous sont pas familiers.

Le 6 décembre 1989, à l'École polytechnique de Montréal, 14 femmes mouraient sous les balles du forcené Marc Lépine.

L'homme s'est introduit dans l'établissement armé d'un fusil semi-automatique qu'il transportait dans un sac.

Marc Lépine entrait dans des salles de cours, ordonnant aux hommes et aux femmes de se séparer en deux groupes. Il faisait sortir les hommes, tirant ensuite sur les femmes en leur criant qu'elles étaient « une gang de féministes » et qu'il les haïssait.

Treize étudiantes en génie et une secrétaire ont perdu la vie dans la tragédie. Treize autres ont été blessées.

Lépine s'est suicidé après son massacre, sur les lieux mêmes de son crime.

Depuis ce temps là, le misandrisme victimaire québécois en tire un profit maximum, environ 700 000 000 $ annuels de subventions, prétendant lutter contre une violence conjugale, réputée exclusivement masculine, et dont les chiffres sont frauduleusement gonflés... pour les subventions, pardi ! Voir le  Financement du féminazisme québécois.

 

 

Lettre ouverte

L'après-rupture

Ateliers pour les liens père-enfants, Inc.

14 janvier 2009


GILBERT TURP... COMMENT CHARRIER LE DRAME DE POLYTECHNIQUE
 
Il semble qu'il y ait une forte tentation d'exploiter commercialement et idéologiquement le vingtième anniversaire du drame de Polytechnique. La sortie d'un film sur le sujet est imminente et l'auteur Gilbert Turp présente actuellement sa pièce PUR CHAOS DU DÉSIR à la Salle Jean-Claude Germain du 13 au 31 janvier. Ce qui est inquiétant, ce sont les propos qu'a tenus monsieur Turp dans le journal VOIR dans l'édition du 8 janvier dernier. Ses affirmations statistiques concernant les homicides conjugaux dans les années 90 sont fausses et son interprétation historique du drame de polytechnique est complètement farfelue.  

"Pour moi, le massacre à Polytechnique est un événement historique, affirme-t-il. En fait, c'est l'événement de violence politique le plus considérable dans l'histoire du Québec, si on excepte les Patriotes en 1837. C'est plus gros que la crise d'octobre ou que la crise d'Oka, ne serait-ce qu'en nombre de morts."
(...)
"Je me suis rendu compte, il y a une quinzaine d'années, que chaque semaine, quand j'ouvrais le journal, il était question d'un gars qui avait tué son ex. Il y a eu une vraie crise de violences conjugales au Québec dans les années 90."

Voir, 8 janvier 2009
En ligne: 
http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=1&section=11&article=62317

 

 
Il semble que l'on assiste là à une simplification outrancière de l'histoire du Québec. Le nombre de victimes décédées ne constitue qu'un aspect du recours à la violence. C'est pourtant le seul facteur que M. Turp semble prendre en considération. Il y a plusieurs autres éléments dont il faut tenir compte. Par exemple, la durée durant laquelle s'exerce la violence (un homme ou une femme victime d'un incident isolé de violence et un homme ou une femme agressé pendant dix ans, est-ce la même chose?). Également, il y a lieu de considérer si la violence est le fait d'un seul individu ou d'un groupe organisé capable de violence systématique sur une longue période et sur une grande échelle.
 
Pour ne donner qu'un exemple, la campagne de violence politique du FLQ au moyen de la pose de bombes et du recours aux menaces et aux enlèvements a duré près d'une dizaine d'années, et non quelques dizaines de minutes, comme ce fut le cas à Polytechnique. La Crise d'octobre 1970 ne marque que l'apogée et le début de la fin de cette campagne de violence politique organisée. La tragédie de Polytechnique se limite à un seul participant souffrant de maladie mentale profonde, qui n'a laissé qu'un texte d'une dizaine de lignes incohérentes pour tenter de «justifier» son geste. La campagne terroriste du FLQ a impliqué des dizaines de participants et probablement des centaines de sympathisants sur près d'une dizaine d'années, avec des centaines d'écrits ou d'assemblées pour justifier la violence politique et mobiliser une partie de l'opinion publique à cette fin. En durée et en nombre de participants, l'action violente du FLQ se rapproche beaucoup plus de celle des Patriotes que la folie meurtrière d'un seul individu donnant libre cours à sa rage maladive pendant quelques dizaines de minutes avant de s'enlever la vie. D'ailleurs, le FLQ avait choisi comme emblème un Patriote armé d'une arme à feu montant au combat. Le FLQ lui-même se comparait au mouvement des Patriotes.
 
Pourquoi M. Turp choisit-il de nier cette filiation revendiquée par le FLQ lui-même et l'importance de la campagne de violence politique menée par le FLQ? Lors de la Crise d'octobre 1970, la menace fut prise très au sérieux. Le gouvernement canadien a jugé essentiel d'imposer la Loi des mesures de guerre à la demande même du premier ministre du Québec. Montréal a été une ville occupée militairement par l'armée canadienne pendant des mois et plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées et détenues arbitrairement pendant des mois en vertu des dispositions d'exception de la Loi des mesures de guerre. Il n'y a absolument rien eu de comparable lors de la tragédie de Polytechnique. Pas d'armée, pas de rafles policières massives. Seulement une enquête discrète qui n'a renseigné personne sur les antécédents et les motivations profondes du tueur. M. Turp se livre à une comparaison plus que simpliste de la portée de ces deux événements en minimisant de manière tout à fait arbitraire l'ampleur du premier, au nom de préoccupations idéologiques et mercantiles.   
 
Lorsque que l'on parle de violence, il ne faudrait pas oublier la période de terreur imposée à la ville de Montréal au cours des années 50, 60 et 70 par la Mafia et les gangs criminels à Montréal. Combien de victimes innocentes a fait la tuerie du bar Le Gargantua le 21 janvier 1975 parmi les 13 victimes décédées (une de moins que la tragédie de Polytechnique)? La vie de ces 13 personnes était-elle moins importante que celle des 14 personnes décédées lors de la tragédie de Polytechnique? Sur quels critères M. Turp se base-t-il pour ignorer l'importance de la tuerie du Gargantua? Dans les deux cas, il s'agissait de rage meurtrière et de vengeance. En outre, comment M. Turp peut-il oublier l'époque de la cavale de Jacques Mesrine qui a fait à lui seul plusieurs victimes innocentes, à la même époque, et qui a terrorisé pendant des mois la population rurale de tout le Québec?
 
Combien de dizaines de victimes innocentes ont fait ces gangs criminels sur une période de près de 20 ans? Pourquoi M. Turp s'empresse-t-il d'occulter ces événements réels qui ont profondément terrorisé une bonne partie de la population de la région de Montréal sur une aussi longue période. M. Turp occulte le climat de terreur régnant à cette époque, si bien qu'absolument personne n'osait critiquer ouvertement les violences et les meurtres de la Mafia et des autres gangs qui exerçaient leur emprise sur des quartiers entiers de la ville. La folie meurtrière de Polytechnique n'a crée aucun climat de terreur comparable, capable d'imposer la loi de l'Omerta aux militantes féministes. Bien au contraire. Celles-ci ont instrumentalisé cette tragédie pour élever à un niveau sans précédent leur campagne de dénigrement des hommes du Québec, campagne bien orchestrée par le Ministère de la Santé et des Services sociaux ( lire : http://lapresrupture.qc.ca/recherche.html ). S'il existe une loi de l'Omerta chez les féministes, c'est celle qui s'applique à la fabrication systématique de fausses statistiques que des groupes de pression se relaient pour publiciser et diffuser.  
 
En outre, est-il nécessaire de rappeler que ces gangs criminels et la Mafia montréalais n'étaient pas le fait d'une personne isolée, mais bien le fait d'organisations fortement structurées regroupant parfois des dizaines, sinon des centaines, de participants qui ont imposé leur terreur à des dizaines ou des centaines de milliers de personnes pendant des décennies?
 
Plus récemment, on a connu la guerre des gangs de motards et la terreur que ces gangs ont imposée dans la plupart des grandes villes du Québec pendant près de trois décennies au cours des années 80, 90 et 2000. Terreur faisant en sorte que personne n'osait demander une réplique appropriée de l'État. Combien y a-t-il eu de victimes au total et combien d'entre elles étaient des victimes innocentes (hommes et femmes)? Est-il nécessaire de rappeler que ces gangs de motards n'étaient pas le fait d'une personne isolée, mais bien le fait de centaines de participants bien organisés qui ont imposé leur terreur à des dizaines ou des centaines de milliers de personnes? Et qui sont encore en mesure de l'exercer de nos jours.  
 
De même, M. Turp minimise l'importance de la crise d'Oka. Faut-il rappeler que cette crise a fait une victime chez les policiers et qu'un bain de sang a été évité de justesse à plusieurs reprises. Que des groupes fortement armés se sont fait face pendant des semaines dans un climat constant de confrontation et de tension. Que le gouvernement du Québec a dû faire appel à l'armée canadienne pour la deuxième fois en 20 ans. Par ailleurs, le fin analyste qu'est M. Turp sait-il que la majorité des 28 homicides conjugaux dont été victimes des femmes au Québec en 1990 se sont produits précisément pendant les longues semaines qu'a duré ce qu'on a appelé la crise d'Oka? Comment peut-il exclure a priori que l'exacerbation des tensions sociales et interpersonnelles engendrée par cette crise n'a rien eu a voir avec cette recrudescence de ce type de drame? Est-il en mesure d'en faire la démonstration? Il faut rappeler en terminant qu'il y a eu en moyenne 16 femmes victimes d'homicide conjugal au Québec annuellement entre 1980 et 1999, selon des données de Statistique Canada. L'année 1990 est donc une année très exceptionnelle à cet égard. On est loin d'une femme victime d'homicide conjugal à chaque semaine à cette époque comme le laisse faussement entendre M. Turp
 
Enfin, M. Turp minimise la portée de la violence occasionnée par les Crises de la conscription lors de chacune de deux guerres mondiale alors que des centaines et des centaines de Québécois ont refusé cette mobilisation forcée pour aller servir de chair à canon sur les crêtes de Vimy ou sur les plages de Dieppe ou de Bernières-sur-mer. D'autres, par milliers, ont contracté des mariages forcés pour échapper à la mobilisation. Ceux qui ont déserté ont été traqués comme des bêtes pendant des années dans les forêts du Québec, vivant avec la menace constante de faire face au peloton d'exécution pour cause de désertion. Curieusement, les féministes radicales n'ont jamais revendiqué le «privilège» d'aller servir de force de chair à canon dans les conflits armées auxquels prend part le Canada. On se demande pourquoi? Les hommes du Québec sont aussi pacifiques que peuvent l'être les féministes (en fait, la plus grande partisane de la guerre en Afghanistan est la ministre de la Condition féminine, mais elle n'a jamais incité les jeunes femmes à joindre en masse les rangs de l'armée).
 
Comment quelqu'un comme M. Turp peut-il simplifier à outrance l'histoire sociale du Québec pour la ramener à une seule tragédie ponctuelle qui prétend supplanter et effacer toutes les autres tragédies résultant de l'utilisation organisée de la violence? Niant ainsi les drames humains occasionnés à chaque fois. Cela s'appelle de la propagande et de la désinformation. Dire que que le drame de Polytechnique est l'événement de violence le plus significatif au Québec durant le vingtième siècle témoigne d'une ignorance profonde de l'Histoire du Québec, résultat du constructivisme et du révisionnisme féministe oblitérant tout ce qui ne sert pas son discours et sa cause. Comme M. Turp est dans le domaine artistique et littéraire, peut-on lui suggérer de lire attentivement le roman 1984 de George Orwell et de se demander s'il ne joue pas un peu lui-même le rôle tenu par le personnage de Winston Smith dans ce roman, dont le rôle consiste à réécrire l'histoire en la falsifiant délibérément? Les groupes féministes radicaux ont recruté et formé une véritable armée de Winston Smith chargés de réécrire l'Histoire du Québec pour la rendre conforme à la paranoïa victimaire qu'ils s'emploient à propager avec acharnement, dans le but de justifier l'extorsion toujours plus grande de fonds publics.  
 
Il n'est certes pas interdit à M. Turp de nous faire part de ses perceptions, de ses préoccupations et de ses questionnements sur les relations de couple au Québec. Mais de là à présenter ses perceptions comme un portrait représentatif de l'histoire sociale du Québec, il y a là une prétention insoutenable qui ne résiste pas à l'analyse. S'il était américain et s'il prétendait que la tuerie de Virginia Tech du 16 avril 2007 (par un étudiant solitaire qui a fait 32 victimes décédées et plusieurs qui ont été blessées) est l'événement de violence le plus significatif survenu aux États-Unis depuis la guerre de Sécession, il se couvrirait de ridicule et perdrait toute crédibilité. Au Québec, il ne manquera pas de gens pour le prendre au sérieux les élucubrations de M. Turp..
 
On ne peut s'empêcher de parler de turp-itude pour qualifier la façon maladroite dont M. Turp s'y prend pour mousser la commercialisation de la pièce qu'il a produite et qui paraît présenter d'inquiétants symptômes de récupération à des fins bassement mercantiles d'une regrettable tragédie humaine.
 
 
 
 
 
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avec l'équipe de recherche
de L'APRÈS-RUPTURE

 


 

Le texte est de Jean-Pierre Gagnon.

La transmission est de Monapignon.

La présentation adaptative initiale est de l'éditeur.

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