Un exemple de mauvaise méthode de réflexion en matière familiale

Un exemple de mauvaise méthode de réflexion en matière familiale

 

Citation de Jean-Louis Touchot sur feu son site personnel :


 

ALERTE L'IDEE DE LA FAMILLE traditionnelle : père au travail, mère au foyer revient !

 


Fin de citation.

Il s'agissait de critiquer la proposition de loi de Valérie Pécresse, au temps où elle était récente, en 2005.

Voilà hélas un exemple de mauvaise méthode de réflexion. C'est du reste exactement celle au pouvoir sur le SOS Papa de ce temp-là (coulé depuis : les chefs se sont battus entre eux) : des slogans tiennent lieu de toute réflexion de fond. Des slogans font des bannières, il y des bonnes bannières, Miam ! Et de vilaines bannières, Pouah ! Qui croit aux bons slogans est bien, et inversement, qui ose ne pas croire est automatiquement un renégat, un étranger, un homophobe, un raciste, un misogyne-dégénéré-facho-beauf-masculiniste-réactionnaire-islamiste-communiste-allié-du-grand-capital-gauchiste-ennemi-de-SOS-papa, etc. etc. ...

Je ne vois pas pourquoi je dois considérer les familles dites traditionnelles comme de mauvaises familles. Et encore moins pourquoi je devrais recruter des adeptes en croisade contre icelle famille traditionnelle. Les famille Vendroux et de Gaulle qui conspirèrent pour faire rencontrer Yvonne et Charles, en permission depuis son poste de commandant au combat en Pologne, étaient tout sauf de mauvaises familles, et le résultat fut tout sauf mauvais.

 

J'ai déjà vu le résultat pratique de semblables croisades, théoriquement contre quelque chose de suranné, mais qui en pratique tournaient vite autour de la corruption des enfants pour en faire des instruments de guerre contre un au moins de leurs parents. Mon père par exemple a été la victime d'une telle instrumentalisation de ses filles, présentée comme du sain esprit soixante-huitard, du "il est interdit d'interdire".

Je veux bien assumer jusqu'au bout mon role de casseur de mythes. D'ailleurs, vu les torrents d'insultes qui me sont déjà tombées sur le dos, le sucre qu'on va me casser sur le dos parce que je ne crois pas aux slogans du jour, m'indiffère.

De quel droit ? Au nom de quoi nous permettons-nous de qualifier « mal » ce qui nous a précédé, et « bien », ce qui est nouvellement à la mode ? Depuis des millions d'années, nos ancêtres sélectionnaient une ou plusieurs manières de division genrée du travail. Dans le bâtiment, il faut garantir un immeuble dix ans. Une famille, un modèle de relations familiales, il faut l'observer sur trois générations, pour observer ses produits. Vous l'avez, vous, ce recul de trois générations pour décider que quelque « nouveau modèle, moderne », est bon ? Moi non plus. Il est où, le corpus d'observations que l'on puisse examiner contradictoirement ?

Quant à savoir quel est donc ce nouveau modèle, mystère total. Nous n'avons sous les yeux qu'une bataille où tous les coups sont permis, où l'attaque à la personne est la règle, où l'usage de voyous délégués aux basses oeuvres est de règle, où quiconque soupçonné de trop penser est défenestré, afin que les chefs soient assurés de rester chefs (jusqui'à ce qu'ils se battent entre eux).

Première raison à cette division sexuée des tâches, évoquée avec gaîté et humour par une ethnologue : « Quand vous avez un enfant dans le ventre, et un autre sur les bras, hé bien pour chasser la panthère, ça n'est pas pratique ! ».

Les contraintes de la gestation et de l'accouchement humain, ont sélectionné des adaptations anatomiques féminines qui sont uniques dans tout le règne animal – le kiwi excepté -, et qui divergent largement d'avec tous les autres primates. L'immaturité du bébé humain à sa naissance, puis sa croissance très lente imposée par cette priorité à nourrir l'énorme cerveau qui consomme ses vingt watts jour et nuit, imposent encore des contraintes comportementales très lourdes, qui sont elles aussi une particularité humaine.

Ce n'est que depuis quelques dizaines d'années, et ne rêvons plus, que pour quelques dizaines d'années encore – il reste cinquante ans de pétrole, pas plus – que nous disposons d'esclaves mécaniques à profusion. Pour 14 euros (en 2005), nous achetons une perceuse de 700 W, soit deux fois plus puissante que l'aviateur-cycliste qui a réussi à traverser la Manche en vol musculaire : il pouvait développer 350 watts pendant une heure (moi pas, vous non plus du reste). Suréquipés d'esclaves mécaniques, sûr qu'il est des domaines où nous pouvons, pour l'instant, mépriser la division sexuée des tâches, puisqu'une main féminine commande des boutons-poussoirs aussi facilement qu'une main masculine. Sauf que ce n'est pas tout le monde qui a le pouvoir de transgresser et d'imposer à l'autre... La nouvelle donne est profondément inégalitaire et hypocrite. Je n'ai jamais vu encore des féministes exiger la parité à la pêche hauturière, ni à tailler ou boiser au fond des mines, ni sur les chantiers routiers, ni pour mourir au champ d'horreur. Bien bon pour des mecs, ça, les métiers de misère et de danger... Pas plus qu'on ne voit les féministes se mobiliser pour mettre fin au sexisme pro-mères en injustice aux affaires anti-familiales.

Seconde raison pour la division genrée, organiser la solidarité et l'interdépendance : « Arrêtez de faire les imbéciles ! De toutes façons, vous êtes interdépendants. ». Telle était la sagesse traditionnelle, par exemple chez les Inuits, chez les Sames, les Pygmées, les Boshimans... L'interdépendance bridait les tentatives de domination d'un genre sur l'autre, en limitait les excès. Tandis que l'indépendance de l'un versus la dépendance de l'autre, permet toutes les dominations et tous les abus.

Depuis avril 2005 au moins, soit plus de neuf ans, je constate à haute voix, que c'est se foutre du monde que de stigmatiser les slogans et les convictions des autres, sans se donner la peine d'expliciter quelles sont nos valeurs, pourquoi nous les choisissons, comment nous contrôlons qu'elles sont cohérentes avec nos actions, et si nos moyens sont cohérents avec nos buts prétendus. Je prétends qu'il faut prendre le risque d'exposer tout cela à la critique externe, qu'il faut risquer le débat. Or nous avons affaire à des gens bien trop froussards et fanatiques pour prendre le risque d'une élaboration dialectique.

 

Et après la critique de la méthode, quelles sont mes propositions ?

J'ai constaté que pour aboutir aux dénis de justice auxquels il tient, le conglomérat judiciaire est obligé de multiplier les fautes professionnelles, les entorses aux régles de déontologie et de méthode, ou de procédure. On peut donc faire l'économie du procès de ses préjugés, de son appartenance aux mauvaises bannières, il suffit dans la plupart des cas de relever patiemment ses fautes professionnelles, de les publier au Musée des Horreurs, et de lui retirer des points sur son permis de conduire les affaires familiales. Comme ces dénieurs de justice sont largement des carriéristes opportunistes, cela suffira dans la plupart des cas, à les remettre dans un chemin plus droit. Reste le cas de fanatiques, qui requièrent des mesures d'ordre plus contraignantes, telles qu'un retrait du permis d'exercer en matière familiale.

De la même manière, au sujet des associations partisanes qui s'agressent les unes les autres au nom de leurs slogans particuliers, de leurs mots d'ordre, on n'a guère besoin de faire un tri entre les bons et les mauvais slogans. Il suffit de relever les mensonges, les dénis de réalité, les preuves objectives de la maladie mentale collective, de son articulation avec les pathologies individuelles. Il suffit de décortiquer comment ils organisent leurs mensonges, d'en dresser la cartographie, pour comprendre la structure de leurs délires.

« Mais Monsieur Lavau, je vous ai percé à jour ! Vous êtes l'agent sournois de la dictature d'une coterie, la société secrète des psys ! Ces affreux manipulateurs de l'ombre qui, etc... ! »

Tarataboum...

Je suis suffisamment connu pour mes critiques envers l'offre hégémonique en France, ceux qui à coup de Freudaines, s'escriment d'une part à démontrer qu'ils sont la seule branche légitime, descendante en ligne directe du Prophète, d'autre part à dresser entre le grand public et eux-mêmes la barrière de leur jargon hermétique et illogique, notamment dans le but de reconstituer une frontière de classe, entre Eux, nouvelle élite de la bourgeoisie baratineuse, et les Zautres, bas peuple et classes dangereuses, non jargonnantes de l'Affreux Do...

Sur les grands fondateurs de la thérapie familiale, deux furent nettement plus théoriciens que les autres, j'ai nommé Murray Bowen, et Ivan Boszormenyi-Nagy. Rien d'ésotérique ni de jargonnant dans leurs conclusions. Dans son livre princeps « Invisible loyalties » (1973), Boszormenyi-Nagy a mis à jour une fonction innée chez la plupart, voire la totalité des enfants : le sentiment de la justice et de l'injustice, et de leur fonction de réparer cela, avec leurs moyens, pour ce qu'ils comprennent du bien de leurs parents. De la même manière que la notion d'enrichissement sans cause permet aux juristes de s'orienter dans une embrouille bien ficelée par un escroc habile, les notions de mensonge et d'injustice sont partageables avec la totalité du grand public, sans qu'il soit possible de le mystifier à coups de jargon obscurci. Alors ? Il est où, ce « complot des psys » ?

Depuis 1973, Boszormenyi-Nagy a ainsi remis l'éthique au centre des débats et des techniques de la thérapie familiale. C'est là un gros caillou noir dans la chaussure des freudiens, et de leur culte de l'irresponsabilité, de la passivité, et du gel définitif de toute moralité.

Parlons désormais éthique, débattons éthique et déontologie en matière familiale, cartographions les mensonges, les dénis de réalité, et les campagnes de rumeurs et de calomnies. Là nous serons en terrain solide.

 

Jacques Lavau,
14 décembre 2005.

On peut consulter utilement en français le livre de Pierre Michard, chez de Boeck : « La thérapie contextuelle de Boszormenyi-Nagy ;  une nouvelle figure de l'enfant dans le champ de la thérapie familiale ».

Suite à une demande, j'ai numérisé et diffusé les deux pages de la bibliographie.

 

 

Bibliographie Ivan Boszormenyi-Nag y, contexte et loyautés 
Cette bibliographie est publiée par Pierre Michard (op.cit.) 

Boszormenyi-Nag y Ivan. (1965). Une théorie des relations : expérience et transaction. In 
Boszormenyi-Nag y Ivan. et Framo James L. (Eds) (1980). Psycho-thérapie s familiales. Présentation par Daniel Widlöcher. Traduit de l\''anglais par Gérard Blumen avec la collaboration de Louis Muri. Paris, Presses universitaires de France. (Traduction de : Intensive Family Therapy. New York, 1969.) 

Boszormenyi-Nag y Ivan. & Spark Geraldine M. (1973). Invisible Loyalties : Reciprocity in Intergeneration al Family Therapy. Hagerstown, Md., Medical Dept., Harper & Row. 

Boszormenyi-Nag y Ivan et Krasner Barbara (1980). La confiance comme base thérapeutique : la méthode contextuelle. Dialogue. Recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille, n° 111, 1991. 

Boszormenyi-Nag y Ivan & Ulrich D. (1981). Contextual Family Therapy. In Gurman A.S. & Kniskern D.P., Handbook of Family Therapy. New York, Brunner/Mazel, p. 159-186 (chap. 5). 

Boszormenyi-Nag y Ivan (1985). Commentary : Transgeneration nal Solidarity. Therapy's Mandate and Ethics. In Family Process, Vol. 24, December 1985. 

Boszormenyi-Nag y Ivan & Krasner Barbara (1986). Between Give and Take. New York, Brunner/Mazel. 

Boszormenyi-Nag y Ivan (1987). Foundations of contextual therapy : collected papers of Ivan Boszormenyi-Nag y. New York, Brunner/Mazel. 

Boszormenyi-Nag y Ivan (1991), Thérapie contextuelle et unité des approches thérapeutiques. Dialogue. Recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille, n° 111. 

Boszormenyi-Nag y I. et Krasner Barbara (1991). Glossaire de thérapie contextuelle. Dialogue. Recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille, n° 111, 1991, pp. 31-44. 

Ducommun-Nagy Catherine (1989). L'Agenda invisible : le couple. Perspective contextuelle, Autrement. 

Ducommun-Nagy Catherine (1995). « La thérapie contextuelle » in Panorama des thérapies familiales sous la direction de Mony Elkaïm, Paris, Seuil. 

Heireman Magda (1989). Du côté de chez soi : la thérapie contextuelle d'Ivan Boszormenyi-Nag y. Traduit du néerlandais par Pierre Bourgeois. Paris, ESF. 

Le Goff Jean-François (1999). L'enfant parent de ses parents : parentification et thérapie familiale. Paris, L\''Harmattan. 

Lemaire Jean-Georges (1989). Famille, Amour, Folie. Paris, Centurion. 

Lemaire Jean-Marie, Chauvenet Antoinette et Despret Vinciane (1996). Clinique de la reconstruction. Une expérience avec des réfugiés en ex-Yougoslavie. Paris, L\''Harmattan. 

Michard Pierre et Shams Ajili Guenièvre (1996). L'approche contextuelle. Paris, Morisset. 

Roegiers Luc (1994). Les Cigognes en crise. Bruxelles, De Boeck Université. 

Van Heusden A. et Van Den Eerenbeent E.-M. (1994). Thérapie familiale et génération. Paris, PUF, coll. Nodule

Commentaires   

#1 laetitia.monard 20-12-2005 09:54
RE: Un exemple de mauvaise méthode de réflexion
OK pour une bibliographie.
Laetitia
#2 admin 16-02-2007 03:30
Bibliographie Ivan Boszormenyi-Nagy, contexte et loyautés
Cette bibliographie est publiée par Pierre Michard (op.cit.)

Boszormenyi-Nagy Ivan. (1965). Une théorie des relations : expérience et transaction. In
Boszormenyi-Nagy Ivan. et Framo James L. (Eds) (1980). Psycho-thérapies familiales. Présentation par Daniel Widlöcher. Traduit de l\''anglais par Gérard Blumen avec la collaboration de Louis Muri. Paris, Presses universitaires de France. (Traduction de : Intensive Family Therapy. New York, 1969.)

Boszormenyi-Nagy Ivan. & Spark Geraldine M. (1973). Invisible Loyalties : Reciprocity in Intergenerational Family Therapy. Hagerstown, Md., Medical Dept., Harper & Row.

Boszormenyi-Nagy Ivan et Krasner Barbara (1980). La confiance comme base thérapeutique : la méthode contextuelle. Dialogue. Recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille, n° 111, 1991.

Boszormenyi-Nagy Ivan & Ulrich D. (1981). Contextual Family Therapy. In Gurman A.S. & Kniskern D.P., Handbook of Family Therapy. New York, Brunner/Mazel, p. 159-186 (chap. 5).

Boszormenyi-Nagy Ivan (1985). Commentary : Transgenerationnal Solidarity. Therapy\''s Mandate and Ethics. In Family Process, Vol. 24, December 1985.

Boszormenyi-Nagy Ivan & Krasner Barbara (1986). Between Give and Take. New York, Brunner/Mazel.

Boszormenyi-Nagy Ivan (1987). Foundations of contextual therapy : collected papers of Ivan Boszormenyi-Nagy. New York, Brunner/Mazel.

Boszormenyi-Nagy Ivan (1991), Thérapie contextuelle et unité des approches thérapeutiques. Dialogue. Recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille, n° 111.

Boszormenyi-Nagy I. et Krasner Barbara (1991). Glossaire de thérapie contextuelle. Dialogue. Recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille, n° 111, 1991, pp. 31-44.

Ducommun-Nagy Catherine (1989). L\''Agenda invisible : le couple. Perspective contextuelle, Autrement.

Ducommun-Nagy Catherine (1995). « La thérapie contextuelle » in Panorama des thérapies familiales sous la direction de Mony Elkaïm, Paris, Seuil.

Heireman Magda (1989). Du côté de chez soi : la thérapie contextuelle d\''Ivan Boszormenyi-Nagy. Traduit du néerlandais par Pierre Bourgeois. Paris, ESF.

Le Goff Jean-François (1999). L\''enfant parent de ses parents : parentification et thérapie familiale. Paris, L\''Harmattan.

Lemaire Jean-Georges (1989). Famille, Amour, Folie. Paris, Centurion.

Lemaire Jean-Marie, Chauvenet Antoinette et Despret Vinciane (1996). Clinique de la reconstruction. Une expérience avec des réfugiés en ex-Yougoslavie. Paris, L\''Harmattan.

Michard Pierre et Shams Ajili Guenièvre (1996). L\''approche contextuelle. Paris, Morisset.

Roegiers Luc (1994). Les Cigognes en crise. Bruxelles, De Boeck Université.

Van Heusden A. et Van Den Eerenbeent E.-M. (1994). Thérapie familiale et génération. Paris, PUF, coll. Nodule

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